Réunion-débat sur la situation politique, sociale et démocratique en Russie

En présence d’OLEG SHEIN, syndicaliste et candidat victime des fraudes aux élections locales d’Astrakhan
qui a protesté par une grève de la faim de 40 jours
Lundi 24 septembre à 17h Bourse du Travail
salle Léon Jouhaux 67 rue de Turbigo (métro Arts et métiers ou Temple)
Un mouvement profond et multiforme
Si on entend parler en France des mouvements en Russie depuis quelques mois seulement, des mobilisations existent de façon importante depuis 2005. Avec le vaste mouvement des retraités contre la remise en cause de leurs avantages sociaux, les mouvements sociaux ont commencé à se développer dans toutes les régions, en premier lieu dans les villes et les quartiers, sur des questions écologistes (dernièrement en défense de la forêt de Khimki) ou d’urbanisme, dans les entreprises aussi, ainsi que dans les immeubles. Ces luttes locales arrivent parfois à se mettre en réseau et à remporter victoire, sur des petits ou même des grands combats.
Jusque tout récemment ces luttes restaient cantonnées sur les questions sociales et étaient bien plus développées en province qu’à Moscou. Les élections parlementaires fédérales du 4 décembre 2011 ont changé la donne et ont engendré des mouvements de protestation contre les fraudes électorales d’une ampleur et surtout d’une durée sans précédent depuis les mouvements qui ont accompagné la chute de l’URSS en 1988-89. Et – fait nouveau pour la Russie post-soviétique – c’est la capitale qui mène la danse avec notamment un public jeune et « branché » qui fait ses premiers pas dans la protestation de rue. Dès le lendemain des élections des milliers de personnes étaient dans la rue, depuis, plusieurs importantes journées d’action nationales ont été organisées, rassemblant à Moscou de 50 à 100 000 personnes. La nouveauté, c’est également le caractère politique des manifestations – pour des élections « honnêtes », contre le monopole politique détenu par le parti du pouvoir « Russie Unie », pour de vrais droits citoyens. Et, de plus en plus, à mesure que les répressions s’accentuent et que le pouvoir fait la sourde oreille – une opposition anti-Poutine et anti-élite au pouvoir. A l’automne 2012 le mouvement se poursuit et essaie de se structurer, notamment par l’élection prochaine d’un Comité national de coordination.
En-dehors des revendications citoyennes de démocratisation du système politique, le mouvement se bat pour la libération de ceux qu’il considère comme des prisonniers politiques, en particuler les 13 inculpés et mis en arrestation à la suite de la manifestation moscovite « Marche des millions » du 6 mai, ainsi que les trois punkettes du groupe « Pussy Riot », condamnées à deux ans de détention en camp pour une prière punk anti-Poutine devant l’autel de la principale cathédrale de Moscou.
Moscou et Astrakhan
Les évènements les plus massifs et dramatiques étant concentrés à Moscou, l’attention des médias et de l’opinion publique est braquée sur la capitale. A une exception près : celle d’Astrakhan, où des falsifications particulièrement odieuses et massives lors des élections du maire de la ville, le 4 mars 2012 (en même temps que les élections présidentielles), ont engendré un mouvement de protestation massif qui a fait beaucoup de bruit dans le pays. Il s’est notamment traduit par une grève de la faim politique et collective de 40 jours, ainsi que par de nombreuses manifestations, en particulier celle du 14 avril qui a rassemblé autour de 10 000 personnes, y compris des dirigeants populaires du mouvement moscovite.
La spécificité du mouvement d’Astrakhan est que c’est la Russie profonde qui se soulevait, celle qui survit à peine, celle que beaucoup à Moscou croit tétanisée par le régime poutinien. Or à Astrakhan, les luttes sociales ont commencé dès la deuxième moitié des années 90, sur les questions des salaires et de la défense de l’emploi. Elles se sont poursuivies pendant toutes les années 2000 avec notamment le mouvement des retraités et celui des habitants autogérant leur immeuble. Et la plupart des mouvements sociaux se sont regroupés autour du candidat de l’opposition au poste de Maire de la ville, Oleg Shein. C’est une autre caractéristique du mouvement d’Astrakhan : la forte participation des mouvements sociaux aux mobilisations citoyennes.
Oleg Shein fêta ses quarante ans pendant la grève de la faim à laquelle il a participé jusqu’au bout, perdant 14 kg et pouvant sur la fin difficilement marcher. A tel point que beaucoup se sont mis à craindre une issue fatale au conflit. Mais les témoignages de solidarité, des concessions de la part du pouvoir (notamment la livraison des enregistrements vidéo officiels faits dans les bureaux de vote) et les promesses (mensongères) de hauts dirigeants de l’Etat ont décidé les grévistes de la faim à cesser leur action.
A la grève de la faim et aux manifestations a succédé un procès visant à annuler le résultat des élections municipales, preuves vidéo à l’appui. Mais les juges, tout en reconnaissant les infractions à la législation, ont conclu qu’elles ne suffisaient pas à prouver les falsifications... Sur place, les gens sont choqués et ne voient plus d’issue, la situation d’Astrakhan (la « dictature des bandits », comme on l’appelle là-bas) devenant celle du pays tout entier.
Une tournée en Europe pour dénoncer les fraudes et la corruption
En venant en France et dans d’autre pays européens Oleg Shein espère faire scandale et attirer l’attention de l’opinion publique européenne sur des luttes moins connues que celles qui se jouent dans la capitale. Il tentera également de s’adresser aux organismes internationaux de défense des droits de l’homme pour obtenir une condamnation des autorités fédérales russes. Homme politique d’envergure fédérale et dans l’opposition depuis les années Eltsine, il parlera aussi de la situation sociale et politique générale en Russie. Militant des luttes sociales depuis de longues années et homme de gauche, membre du parti de l’opposition dite « systémique » « Russie juste », proche de l’opposition de gauche dite « non systémique » du Front de gauche de Sergueï Oudaltsov, il s’exprimera sur les mobilisations citoyennes actuelles, portant un point de vue différant de ceux ordinairement rapportés par les médias sur la base des déclarations de l’élite moscovite démocrate et libérale.
Oleg Shein
Député de la Douma d’Etat fédérale de Russie sur la circonscription de la région d’Astrakhan de 1999 à 2011 : d’abord en tant que député indépendant puis dans la fraction de « Russie Juste », aujourd’hui député et chef de la fraction « Russie juste » au Parlement régional d’Astrakhan (il n’a pas pu être réélu député fédéral à la suite des fraudes lors des élections parlementaires du 4 décembre 2011). Il est très populaire dans sa ville et sa région.
Membre de la direction de la Confédération du travail de Russie et de l’ « Union des habitants » de Russie.
Candidat au poste de maire d’Astrakhan à deux reprises : en octobre 2009 et en mars 2012, à chaque fois défait par le candidat du parti au pouvoir à la suite de falsifications massives ; soutenu par une large coalition de mouvements sociaux et syndicaux locaux.
Convictions de gauche, démocrate, laïc, dans l’opposition depuis les années Eltsine, militant des luttes sociales et syndicales, animateur de réseaux militants locaux et fédéraux. Soutient les mobilisations citoyennes actuelles pour une démocratisation du système politique. Candidat aux élections des membres du Comité national de coordination du mouvement citoyen.
Les organisations suivantes vous proposent de venir vous informer, débattre de la situation en Russie et apporter votre solidarité :
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Toujours d’une actualité brûlante et de la plus grande utilité :
Le livre de François Chesnais, "LES DETTES ILLEGITIMES. Quand les banques font main basse sur les politiques publiques" paru aux Editions Raisons d’Agir (les éditeurs en sont Jérôme Bourdieu et Franck Poupeau)- 160 pages - 8€ -
Et aussi une vidéo à visionner :
François Chesnais est venu à la librairie Tropiques (63 rue Raymond Losserand à Paris 14ème) pour présenter son livre. Le libraire de Tropiques a fait un remarquable travail de montage de son interview.
Le lien pour visionner la vidéo : Vidéo "Les dettes illégitimes"

Le livre a été annoncé et présenté dans le numéro 45 de Carré rouge dans l’article "La vulnérabilité du système financier, l’illégitimité des dettes publiques et le combat politique internationaliste pour leur annulation" consultable ICI
L’intérêt, l’utilité et l’actualité brûlante de cet ouvrage sont bien résumés par la quatrième de couverture :
" L’endettement des gouvernements est aujourd’hui
une arme pour imposer les réformes propres au
capitalisme libéralisé, financiarisé et mondialisé.
Un document du FMI de novembre 2010 l’énonce
sans détour : « les pressions des marchés pourraient
réussir là où les autres approches ont échoué ».
Comme le montre dans ce livre François Chesnais,
économiste, militant et spécialiste reconnu de la
globalisation financière et de ses effets, il faut
prendre cet avertissement très au sérieux. Avec la
crise financière, le piège de la dette publique se
referme : l’impôt qui pèse principalement sur les
revenus du travail assure le service de la dette et
réalise, au-delà de toutes les espérances du capital,
un transfert gigantesque de richesses vers les
banques et les fonds de placement financiers aux
dépens des salariés.
Aucun changement significatif de la répartition
en faveur du travail ne pourra se faire sans toucher
au service de la dette, donc à la dette elle-même. La
taxation des profits et des hauts revenus ne suffira
pas aussi longtemps que cette composante essentielle du pouvoir du capital n’aura pas été supprimée. "