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Iran : un texte de l’Organisation des femmes du 8 mars

- donnant une appréciation de la manifestation du 18 septembre 2009 et une prise de position très claire sur le « campisme » dans Inprecor

Le texte ci-dessous rend compte politiquement de la manifestation qui s’est déroulée à Téhéran le 18 septembre à l’occasion d’une des principales fêtes de l’islam chiite. L’Organisation des Femmes du 8 mars qui le signe a été constituée en souvenir de l’immense manifestation des femmes qui a eu lieu à l’occasion de la journée internationale des femmes le 8 mars 1979 après la chute du chah et avant que la contre-révolution khomeyniste ne vienne bâillonner l’Iran de nouveau.

Le terme « courant vert » désigne le courant dit « réformateur » dont Moussavi a été le candidat lors des élections truquées de juin 2009. Le vert est la couleur de l’Islam, renvoyant à une représentation du paradis comme plein de verdure. Porter le vert dans les manifestations, que ce soit en Iran ou à l’étranger c’est se revendiquer de « l’islamisme modéré », ou lui apporter un appui peut-être sans le savoir.

Il faut signaler un bon article d’ensemble sur l’Iran de Babak Kia datant de juin. On le trouve en ligne sur le site de la revue Inprecor (http://www.inprecor.fr ). Il est important notamment en ce qu’il caractérise sans ambiguïté les ravages du « campisme » anti-impérialiste. Babak Kia écrit :
« Certains dans la gauche internationale affirment que les millions de personnes (3 millions de manifestants dans les rues de Téhéran le 15 juin, selon les décomptes de la Mairie de Téhéran, proche d’Ahmadinejad), qui s’opposent physiquement aux forces antiémeute et autres nervis du régime, sont manipulées par les États-Unis, Israël ou la Grande-Bretagne. La théorie du complot ignore les fondements réels de la crise qui relèvent avant tout de facteurs internes. Elle ne tient pas compte non plus des conditions spécifiques de politisation dans un contexte où la dictature a démantelé toutes les organisations politiques et syndicales.
Ces positions empruntent une pente dangereuse qui a déjà été explorée en d’autres temps et qui a fait de nombreux dégâts au sein du mouvement ouvrier international. La théorie qui consiste à penser que « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » a amené certains secteurs militants à soutenir les crimes du stalinisme, voire à chercher des alliances contre-nature parfois même avec l’extrême droite. Plus proche de nous, il est impensable pour des militants anti-impérialistes et anti-sionistes de dénoncer l’État d’Israël en faisant quelques concessions que ce soit aux discours de type antisémite. Accréditer l’idée qu’Ahmadinejad est un dirigeant anti-impérialiste c’est oublier le rôle joué par le régime iranien dans la relative stabilisation de l’Irak. La République islamique d’Iran est un des soutiens du premier ministre irakien fantoche Al Maliki, installé par l’impérialisme états-unien. Aujourd’hui, la République islamique participe, à l’invitation des États-Unis, aux conférences internationales concernant la stabilisation de l’Afghanistan. Quel est cet anti-impérialisme présumé qui collabore avec les forces d’occupation ? »
Et plus loin : « L’État d’Israël n’a rien à craindre des vociférations antisémites d’Ahmadinejad. Au contraire, les dirigeants israéliens se saisissent de l’émotion créée par les propos du président iranien pour justifier et accentuer leur politique coloniale contre le peuple palestinien. Il ne suffit pas de financer telle ou telle organisation de la résistance palestinienne pour gagner des galons d’anti-sionisme ou d’anti-impérialisme, auquel cas bien des monarchies du golfe et des régimes arabes corrompus seraient à classer dans cette catégorie.
Qu’à cela ne tienne, un anti-impérialiste comme James Petras n’hésite pas à dénoncer une pseudo coalition regroupant « les néo conservateurs, les conservateurs libertariens et les trotskystes » qui auraient « joint leur voix à celles des sionistes, saluant les protestataires de l’opposition iranienne, voulant y voir une avancée d’on ne sait trop quelle « révolution démocratique ». Sans dire un mot des contradictions à l’œuvre en Iran, sans dire un mot de la légitimité des mobilisations et des aspirations pour des droits démocratiques et sociaux, pour l’égalité entre les hommes et les femmes, James Petras et bien d’autres, se laissent malheureusement aveugler par les rodomontades grotesques d’Ahmadinejad ». Et Babak Kia d’enfoncer le clou : « Accentuant la confusion, les prises de positions de Hugo Chavez en soutien à Ahmadinejad traduisent une approche de la construction des rapports de forces qui s’appuie davantage sur la diplomatie cynique des États que sur les mobilisations populaires. Elles renvoient fondamentalement à une conception étriquée où la maîtrise des cours de pétrole apparaît comme une arme économique stratégique dans la consolidation des positions acquises face à l’impérialisme, alors que la seule voie sérieuse et progressiste se trouve dans le développement des mobilisations populaires, sociales et démocratiques ».

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Iran Femmes du 8 mars : le texte en PDF
 
A propos de Carré Rouge
A quelques encablures du XXIe siècle, le système fondé sur la propriété privée des moyens de production et l’Etat bourgeois menace l’humanité entière de barbarie. La mondialisation-globalisation de la production et des échanges, la financiarisation des investissements, l’âpreté de la concurrence (...)
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