Prochaine réunion de Carré rouge : samedi 28 février à 14 h à l’AGECA
La crise mondiale, la voie guadeloupéenne de lutte pour une vie décente mais aussi pour une autre société, « l’ajournement » du décret Pécresse
Ce seront les principaux sujets de la prochaine réunion parisienne de Carré rouge,
qui aura lieu
SAMEDI 28 FEVRIER à 14 heures à l’AGECA
177 rue de Charonne, Paris 11°, (métro Alexandre Dumas).
Il ne se passe pratiquement plus un jour sans l’annonce, de la part de quelque grand groupe mondial bancaire ou de l’industrie manufacturière, d’un plan de licenciement avec des centaines, parfois (pour les groupes japonais) des milliers de licenciements, avec des fermetures de site dans certains pays et des réductions de production ailleurs.
Nous expliquions en décembre pourquoi la crise était entrée dans une phase où elle allait se développer de façon largement (sinon totalement) mécanique. Commencée dans la sphère de la finance, la crise s’est transformée en crise de surproduction. Elle est une crise totale et également « globale », mondiale. En raison de la densité des interdépendances financières et productives créées par la libéralisation et la mondialisation, tous les continents, tous les pays ont été, et continueront à être touchés les uns après les autres.
Aux Etats-Unis et au Royaume Uni, les commentateurs économiques les plus avisés ne cachent plus le fait qu’ils pensent que la crise va être longue, durer plusieurs années. La force des mécanismes internes et externes de propagation de crise, le montant des « actifs toxiques » constamment réévalué à la hausse, et l’ampleur des chutes de production et des hausses de chômage ont pris les « décideurs » du capitalisme mondialisé totalement par surprise (les journalistes du Financial Times n’ont pas caché leur consternation à cet égard lors du « sommet capitaliste » de Davos de février 2009).
La réponse la plus pernicieuse est celle du protectionnisme, sous la forme très précisément de la résurgence d’appels à « l’Union sacrée » entre capitalistes et salariés pour défendre « l’emploi national » (voir Sarkozy et le premier ministre tchèque). En Europe, cette résurgence se fait sur la base de l’acceptation de l’UE comme espace de concurrence, dont l’un des piliers est la différence de salaires et de protection sociale.
Dans l’automobile, les réponses nécessaires ne seraient-elles pas le combat pour imposer un salaire de base européen, une durée légale de travail identique, et des systèmes de protection sociale garantissant un niveau très voisin de protection sociale et, au-delà, une répartition négociée de la charge de travail réalisée par les travailleurs eux-mêmes, mais aussi des spécialisations entre les salariés de l’automobile des différents pays.
L’inquiétude des salariés face à la crise grandit de jour en jour, de même que les difficultés et les privations dont souffrent les plus vulnérables. La colère aussi s’accroît face à l’immensité des sommes levées par l’endettement pour financer le sauvetage des institutions financières, celles-là mêmes qui ont créé les conditions de la crise financière, ou encore pour sauver la mise à des états-majeurs industriels mus par le profit des actionnaires et leurs propres stock-options. Comment organiser les salariés et les exploités et dominés, et ainsi les aider à trouver une issue politique ?
Les travailleurs de la ville et des campagnes, la jeunesse et tous les dominés et exploités de Guadeloupe ont donné leur réponse à ces questions avec la formation d’une entité originale, le LKP, L’alliance contre l’exploitation outrancière, où pas moins d’une cinquantaine de syndicats, d’associations et de groupements populaires se sont réunis, d’abord pour rédiger, au cours de réunions qui ont duré des semaines, un programme économique, social et politique très long et détaillé, puis pour lancer la grève générale et en maintenir à ce jour (16 février) l’unité. Ceux des élus locaux qui voulaient s’y joindre ont été les bienvenus, mais la pseudo « représentation démocratique » acquise à la conciliation de classe a été court-circuitée.
Nous mettons le programme de la Guadeloupe sur le site de Carré rouge (le texte du LKP) On verra qu’il ne s’agit pas d’un simple catalogue de revendications, mais d’un texte sous-tendu par l’idée qu’il faut construire de tout nouveaux rapports sociaux, sortir du colonialisme rampant dont les positions de monopole sont l’une des expressions.
Le texte Manifeste pour les « produits de haute nécessité » qui a commencé à circuler sur Internet en donne une expression politique d’une grande densité, proprement poétique. On le trouvera aussi sur le site de Carré rouge.
On a pu constater le désintérêt, d’abord, puis la frilosité de la « presse nationale ». Pour les patrons en France, dont les patrons de presse, il y a manifestement danger à ce que l’exemple soit connu et que les salariés en France puissent y puiser des idées. Les journalistes se plieraient-ils ? Quoi qu’il en soit, dans un autre texte que nous mettons sur le site, des journalistes de la Martinique interpellent leurs collègues en métropole.
En France métropolitaine, nous devons apprendre de la Guadeloupe. L’inquiétude et l’indignation ne suffisent pas. Ici aussi, une force sociale et politique indépendante des partis de gouvernement, mais aussi de syndicats intégrés à l’Etat, devra se constituer. C’est ainsi qu’il faut lire le tract de Combat Ouvrier, notamment là où il écrit :
« Les jambes marchent très bien, on l’a vu dans les diverses manifestations ! Mais un vieux proverbe chinois dit : « Il y a plus d’idées dans mille têtes que dans une seule ! ». Alors appliquons ce principe ! Travailleurs, travailleuses, jeunes, femmes si nombreuses dans les manifestations ! N’hésitez pas à prendre vous-mêmes cette lutte en main ! Vous devez vous occuper vous-mêmes de vos affaires, pas seulement avec vos pieds qui marchent dans les manifestations, mais aussi avec vos têtes qui réfléchissent ! Réunissez-vous partout ! Pour discuter, pour étudier les problèmes, suivre les négociations, évaluer les divers tournants de la lutte ! Pour voir comment mobiliser plus de gens de votre entreprise, de votre quartier, de votre commune ! »
Nous parlerons aussi lors de notre réunion des méthodes d’organisation utilisées dans la préparation et la conduite de la grève des universités contre le décret Pécresse. La composante d’auto-organisation a été un facteur important. « L’ajournement » a été obtenu, mais non le retrait, et il reste à abroger la loi LRU comme telle qui n’a pu être mise en application qu’en raison de la passivité de l’écrasante majorité des enseignants en novembre 2007. C’est dans le contexte esquissé plus haut, et par rapport à tous ces problèmes et à tous ces développements que nous parlerons enfin du NPA, au congrès de fondation duquel nous avons été plusieurs à participer.
Au 28 février, donc !